« La vie est éphémère » : écrire pour laisser une trace et contribuer à l’Histoire

« La vie est éphémère » : écrire pour laisser une trace et contribuer à l’Histoire

Thierry Moncorger

Si tant de gens se passionnent pour la généalogie, c’est que l’ascendance intrigue. Imaginez lire la biographie de votre aïeul du 18e ou 19e siècle ? Vous découvririez alors une époque révolue, des calèches, des révolutions industrielles, des régimes monarchiques ou impériaux, des droits des femmes inexistants, des espérances de vie raccourcies… Mais peut-être identifiez-vous aussi des traits de caractères familiaux déjà présents il y a 200 ans ? Léon, l’arrière arrière arrière grand-père, déjà colérique en cas d’injustice ? Mireille, déjà espiègle dans son adolescence marseillaise en 1870 ? Les ressemblances, les parallèles avec le présent vous feraient sourire. Zola, mieux que quiconque, s’intéressait à la manière dont les aînés influençaient les caractères des descendants, à la façon presque scientifique dont les comportements se transmettaient à travers les temps.

Le récit de votre vie, vécue au 20e et 21e siècle, sera un jour une mine d’or pour vos arrière-petits-enfants. Difficile d’imaginer aujourd’hui à quoi ressemblera leur vie, alors que la distance temporelle entre science-fiction et réel se réduit chaque année : voiture autonome, intelligence artificielle, robot conversationnel, surveillance généralisée dans les dictatures, doubles virtuels, jeux immersifs… tout ce que les artistes du siècle précédent ont imaginé existe aujourd’hui. Lorsque les voitures voleront vraiment, lorsque notre cerveau sera connecté, lorsque nous vivrons sous l’eau ou sur d’autres planètes, lorsque les étés dureront des mois… il est certain que beaucoup de choses du quotidien apparaîtront comme de désuets objets du passé. L’écran plat, la tondeuse électrique, la Poste, l’argent liquide, le SUV, le journal papier, les réseaux sociaux… qui sait ce que l’Histoire rangera sur l’étagère des bizarreries disparues ?

L’existence humaine est malheureusement beaucoup trop courte. Aux yeux des planètes et des Dieux, nous sommes des insectes éphémères : notre passage sur Terre ne dure qu’un jour. Ecrire transcende les temps. Il est illusoire de croire qu’écrire nous rend éternel. Chateaubriand est-il plus vivant que sa sœur, parce que je lis les Mémoires d’Outre-Tombe ? Tristement pour lui, il est tout autant sous terre, sur le Grand Bé, le dos tourné à Saint-Malo, face à la mer. Pour ceux qui croient à l’âme, alors peut-être celle-ci survit-elle, dans les embruns malouins ou dans les lignes de ses livres… Mais qu’on soit religieux, spirituel, agnostique ou athée, une chose est certaine : son manuscrit est toujours là. Il nous raconte un homme, mais aussi une époque, celle de la Révolution française et de Napoléon.

En écrivant, nous transmettons aux futures générations les pièces d’un grand puzzle : le récit de l’Humanité. Chaque pièce y contribue, qu’elle soit dans la périphérie ou au centre, multicolore ou monochrome, figurative ou abstraite. Le fil de chaque vie tisse la tapisserie de  l’Histoire. Quelque soit le lieu où elle se déroule, les évènements qu’elle narre, les personnages qu’elle décrit… elle permettra un jour à quelqu’un, historien, descendant ou juste être humain curieux, de mieux comprendre le passé.

Alors racontez, Elefantia transmet !

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