« Avant qu’il ne soit trop tard » : pourquoi écrire sa biographie ?

« Avant qu’il ne soit trop tard » : pourquoi écrire sa biographie ?

Thierry Moncorger

Pour les proches d’une personne disparue, la recherche de la chronologie de sa vie est souvent équivalent à de la spéléologie : lampe frontale et baudrier pour aller poser des questions à ceux qui l’ont connu, retracer les lieux et les dates, fouiller des journaux intimes confidentiels… Il est difficile pour les descendants de se repérer dans l’obscurité du temps passé. Les parois sont glissantes et manquent d’aspérité. Une erreur interprétation, et peut facilement se tromper, suivre une fausse piste jusqu’à se perdre dans le noir, dans les méandres de la mémoire.

Lorsque nous parlons dElefantia autour de nous, nous entendons souvent la même chose : « c’est dommage, j’aurais voulu le faire avant qu’elle ne parte… », « nous avions commencé mais nous n’avons pas fini… », « je m’étais promis de tout noter, et je n’ai pas eu le temps… ». C’est émouvant, triste. Ecrire une biographie ne résoudra jamais le deuil. Chaque décès est un drame individuel, familial, et survient toujours bien trop tôt dans l’existence des proches. On ne s’en remet jamais vraiment, et l’absence nous accompagne jusqu’au bout...

La seule chose que nous savons, c’est que l’on ne regrette jamais le temps consacré à la transmission. Que ce soit sous forme écrite ou orale, que ce soit réalisé individuellement ou à plusieurs, de manière amateure ou professionnelle… quelle que soit la voie, laisser sa voix vaut quelque chose. Transmettre le récit d’une vie a toujours une valeur, pour soi et surtout pour les gens que l’on aime. Lorsqu’on perd un proche, chaque message vocal, chaque vidéo où le visage s’anime, donne un court instant l’impression de le retrouver. On les réécoute et reregarde à l’infini. Lorsque cela s’arrête, la douleur est ravivée, mais un bref moment, la magie a opéré. 

Un texte provoque une émotion différente. Moins intense, moins soudaine. A la différence d’une photo, un texte ne montre pas la lueur des yeux, ne sonne pas comme un timbre de voix. Il est moins puissant dans l’instant où on le découvre, mais il laisse une trace plus profonde, plus durable, plus pérenne. Il donne une autre épaisseur au souvenir d’une personne. Il invite à la réflexion, l’introspection, la nostalgie. Il évoque l’affection, l’attachement aux souvenirs partagés et vécus, aux anecdotes du passé. Il transmet l’amour, l’inscrit dans le temps long.

Une biographie éclaire la grotte des souvenirs, les tréfonds de la mémoire. C’est à ce titre qu’elle est importante. Le deuil est une période sombre. Un texte donne des clés, des pistes pour se repérer. Une biographie est une lumière douce qui illumine longtemps le souvenir d’une personne, un écho lointain qui guide le travail de mémoire. Et les mots résonnent longtemps dans le noir.

Transmettez votre récit, Elefantia l’écrit.

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